juillet 2006
Lors du conseil municipal du 23 juin 2004, Pierre Tessier, adjoint au maire, présente les membres du groupe UDF dilué dans la majorité municipale (Pierre Tessier, Bernard Blanc, Bernadette Rauscher, adjoints et Marie-Aimée Penet, Elisabeth Mounier, Fabienne Solal, Bénédicte Rattier, Lionel Namin, Pascale Pourbagher, conseillers municipaux).
Mais, situé dans la minorité municipale, le groupe Décidons ensemble pour Asnières de Bruno Casari et Kamel Zaoui s'est longtemps, lui aussi, réclamé de l'UDF.
La Tribune Libre d'Asnières a demandé à l'Asniérois Pierre-Nicolas Burel, conseiller national UDF, de bien vouloir éclairer ses lecteurs sur l'UDF asniéroise qui semble avoir perdu toute identité.
Pierre-Nicolas Burel, 40 ans, est conseiller national UDF. Il a trois enfants et habite à Asnières-sur-Seine depuis 1998. Ingénieur, il travaille sur des chantiers de construction d'immeubles de bureaux.
Il y a quelques semaines l'UMP a souhaité rejeter l'UDF dans l'opposition. Le CSA hésite à se décider. Les Asniérois hésitent également.
Pierre-Nicolas Burel : La décision du 14 juin rejetait dans l'opposition les députés UDF qui avaient voté la motion de censure. C'était, au mépris de la Constitution, une manoeuvre destinée à rendre impossible toute démarche politique indépendante. Finalement, dans sa décision du 20 juin, le CSA reconnaît l'indépendance et la liberté de l'UDF. L'audiovisuel tiendra bien compte du pluralisme et comptabilisera les temps de parole des partis sur le principe de l'égalité.
Depuis les dernières élections municipales à Asnières, l'UDF n'est plus identifiée. Certains ont fait le choix de s'engager derrière Manuel Aeschlimann, finalement investi par l'UDF. D'autres, dont j'étais, ont participé à la liste libre Décidons Ensemble pour Asnières. Au premier tour d'élections municipales et sauf circonstances exceptionnelles, les tractations et les accords n'ont pas lieu d'être, encore moins à Asnières qu'ailleurs. Chaque liste incarne la sensibilité de l'électeur. Le nier ou le refuser, c'est mépriser l'électorat dans sa diversité et c'est risquer le repli ou le vote extrême.
A Asnières, l'UDF doit s'engager dans le débat politique en étant elle-même. Ses représentants doivent porter ses valeurs, avoir le courage de la liberté et partager une vision commune de l'avenir de la France. C'est à ces conditions que les électeurs accorderont à l'UDF reconnaissance, intérêt et soutien.
Les élections présidentielles et législatives de 2007 sont l'occasion d'affirmer plus que jamais l'identité de l'UDF. C'est là où se situe aujourd'hui mon engagement pour Asnières.
Concrètement, que va-t-il se passer ?
Pierre-Nicolas Burel : Je connais des UDF, de vrais militants habitant à Asnières qui, compte tenu du système politique asniérois, ailleurs qualifié de démocrature, ont choisi de s'inscrire à l'UDF à Paris ou en Province, où ils militent toujours activement. J'en ai fait partie.
J'ai fait le choix de revenir parce que je suis Asniérois, parce que je pense qu'il ne doit pas y avoir en France de circonscription délaissée par les militants UDF. Parce que les Asniéroises et les Asniérois méritent une vraie représentation locale de l'UDF.
Le bureau de l'UDF d'Asnières va faire revenir et va réunir les militants dispersés, les sympathisants circonspects et les talents prêts à s'investir pour défendre leurs idées sur l'organisation de la société et de la cité. Il s'agit de constituer un groupe moteur qui permette à chacun d'exprimer ses convictions politiques et construire des projets pour sa Ville. Notre Ville.
Vous allez faire le « ménage » ?
Le but n'est pas d'écarter tel ou tel. Il faut, et je le veux, réintroduire l'UDF dans le débat local.
La majorité municipale se déchire, l'opposition est contrastée...
Pierre-Nicolas Burel : Manuel Aeschlimann a de nombreux opposants issus de son propre camp. Ce sont des élus ou d'anciens élus du RPR ou de l'UMP. Chacun de leur côté, ils expliquent pourquoi ils affrontent celui qu'ils ont autrefois soutenu.
Le responsable de cette désaffection ? C'est Manuel Aeschlimann. Se faire élire, pour se faire élire ou se faire élire et rassembler pour bien administrer ? Au lendemain de son élection à la mairie, Manuel Aeschlimann avait toutes les cartes en main. Sans doute la négation de la mission politique et de la responsabilité des élus a détérioré le climat entre le maire et les élus de sa majorité.
Que l'opposition à Aeschlimann s'exprime sous divers courants, c'est normal. En démocratie, la pluralité c'est le reflet des sensibilités politiques. Le bipartisme que souhaite imposer Aeschlimann (voir sa proposition de loi visant à réformer les modes de scrutin des élections législatives, cantonales, municipales et régionales) est un calcul politicien : la réduction du débat politique autour de deux pôles UMP et PS est un effet particulier de nos institutions politiques contre lequel je veux lutter.
...les élections approchent : Manuel Aeschlimann se prépare-t-il une nouvelle élection dans un fauteuil ?
S'il y a autant de candidats potentiels à Asnières, c'est peut-être le signe que l'élection est plus ouverte qu'il n'y paraît. Les conditions nationales et locales de la victoire de Manuel Aeschlimann aux élections législatives en 2002 ne seront pas réunies en 2007.
L'UMP sort essoufflée des cinq années au pouvoir et se déchire au gouvernement, au conseil général des Hauts-de-Seine et à Asnières. Il y aura un candidat investi par l'UDF pour faire le meilleur score. J'exprime le voeu que dans la prochaine campagne, les tracts anonymes, les attaques personnelles, les querelles d'investiture et l'instrumentalisation de la justice nous soient épargnés.
En tant qu'habitant d'Asnières, comment vivez-vous l'indescriptible désordre démocratique qui règne en ce moment ? Affaires, diffamation, calomnie, procès, condamnations, surveillance, constats d'huissier, censure...
Pierre-Nicolas Burel : Désordre démocratique, c'est sans doute l'expression la plus pertinente pour décrire la vie politique asniéroise. Vous pouvez ajouter à l'inventaire des dérives : les injures, les menaces et les pressions professionnelles. Mais plus que tout, le « sport » politique asniérois semble être l'instrumentalisation de la justice. Il est presque impossible pour le citoyen de démêler les vraies affaires des procès montés de toutes pièces.
La justice fait son travail, mais ne nous y trompons pas, à la vue des moyens que peut engager la majorité municipale au frais des contribuables asniérois, pour un particulier, la lutte est extrêmement difficile : ça coûte cher et ça prend du temps. Ici, il n'y a pas de véritable égalité d'accès à la justice. Le cas échéant, les faux procès participent à l'étouffement de la liberté et de la démocratie en lassant les contradicteurs.
Je veux encore rappeler que celui qui détient le pouvoir et les moyens entre ses mains, en l'occurrence le Maire, est le premier responsable du climat politique. Cela commence par le règlement du conseil municipal qu'il établit et par la force de frappe de sa communication. Les citoyens doivent être sans cesse vigilants pour prévenir les dérives et ce que la politique peut créer de pire.
Je lis un peu partout que « La France d'après, c'est Asnières Maintenant. » Qu'en pensez-vous ?
Asnières fait figure de laboratoire des idées d'UMP (ndrl :celles de Nicolas Sarkozy), c'est dans ce sens sans doute qu'il se dit que « la France d'après, c'est Asnières maintenant ». Si Asnières anticipe la France promise par l'UMP, alors que ce qui est inquiétant pour la France de demain c'est :
Les coups de griffes à la liberté, à l'égalité et à la fraternité c'est la désintégration de la République Française.
Que pensez-vous de la proposition de loi de Manuel Aeschlimann ?
Pierre-Nicolas Burel : J'ai étudié la proposition de loi qu'il a présentée en avril 2004 à ses collègues de l'assemblée nationale, qui portait sur la modification des conditions de maintien au second tour dans le cadre des élections législatives, municipales, régionales et cantonales.
L'objectif de la loi est de contraindre toutes les sensibilités politiques à se regrouper en deux pôles avant le premier tour de toutes les élections. Cela entraînera à terme la modification du système politique français en créant les conditions d'un bipartisme permanent. Pour moi ce projet est à la hauteur d'un coup d'État. Il ne restera au citoyen mécontent de son gouvernement que l'alternative : s'abstenir ou « sortir les sortants »... pour retrouver les sortants de l'élection précédente !
Je n'ai pas la même vision de la France que Manuel Aeschlimann. Je m'inscris dans un chemin inverse, celui de la VIe République que l'UDF propose aujourd'hui dans son programme pour les élections présidentielles aux citoyens pour leur garantir un fonctionnement plus démocratique de nos institutions vieilles de 50 ans.
Cela fait 7 ans que Manuel Aeschlimann est maire. Quelles leçons tirez-vous de son bilan en fin de mandat bientôt ?
Pierre-Nicolas Burel : J'habite à Asnières depuis 1998, et je me suis intéressé dès mon arrivée à la vie locale déjà trépidante à cette époque. Qu'est ce qui a changé depuis ? L'opacité entourant le projet de la grande mosquée d'Asnières. Le déploiement de panneaux d'affichage administratif sur tous les réverbères d'Asnières. La création d'une éphémère milice citoyenne asniéroise ouverte aux militants UMP et célébrée devant les journalistes... Il vaut mieux tourner une page.
Quels sont vos projets ?
Pierre-Nicolas Burel : Notre ambition, c'est de faire revivre l'UDF dans le paysage démocratique et politique asniérois. Et de renforcer le poids de l'UDF au sein du prochain conseil municipal en lui rendant sa liberté.
Avec les militants UDF, nous participerons activement aux prochaines campagnes électorales, à commencer par les élections présidentielles.
Je suis personnellement candidat à l'investiture UDF pour les élections législatives sur la circonscription Asnières/Colombes Sud tout en examinant avec attention les autres volontés pour cette échéance.
Et pour la ville d'Asnières ?
Participer à la préparation d'une liste constituée de talents UDF et non inscrits avec pour objectif, la mairie d'Asnières en 2008 : je refuse tout dogmatisme de droite, comme tout dogmatisme de gauche.
Je suis attentif à la vie démocratique : la démocratie est précieuse mais fragile. Si certains élus l'oublient, il faudra que les Asniéroises et les Asniérois le leur rappellent. Avec l'UDF, je m'y attacherai.