mars 2006
Josiane Fischer est ancien conseiller régional d'Île-de-France, ancien adjoint au Maire d'Asnières de 1994 à 2001, mariée, 2 enfants, vétérinaire.
web : josianefischer.org
Th. R. : Quel est votre regard sur sa gestion de la Ville ?
Josiane Fischer : En premier lieu, une précision : Manuel Aeschlimann est maire depuis début 1999, cela fait donc sept ans ! De quoi largement tirer le bilan de son action, d'autant plus que dès 1999 il a cru bon d'enterrer nombre de projets sur lesquels travaillaient les élus.
Manuel Aeschlimann a dès le premier jour annoncé que son action aurait deux priorités : la gestion financière (en mettant en avant la stabilité fiscale) et la sécurité. En termes de communication, il a fait ce qu'il avait dit. Il a réussi à associer son nom à imposition et sécurisation. En termes de résultats : la situation financière de la ville est grave, la dette a explosé, la sécurité n'est pas améliorée plus qu'ailleurs, les caméras n'empêchent pas les braquages, les agressions et les incendies de véhicules.
Quel est votre regard sur l'équipe municipale ?
Josiane Fischer : Délégations retirées puis rendues aux conseillers, adjoints démis, accusations d'appartenance à une secte, autant d'évènements qui émaillent le cours des jours de l'équipe municipale et sont révélateurs de la façon dont elle a été constituée. Est-ce une équipe ?
Les habitants n'ont pas de visibilité sur les comptes réels de la mairie. La commune est-elle en bonne santé financière ? Va-t-on vers un mieux ou vers une aggravation ?
Josiane Fischer : La situation financière de la commune est très préoccupante. La dette s'est considérablement alourdie. Son poids est masqué par une politique de renégociation et d'allongement de la durée de remboursement des emprunts. Le remboursement annuel est lissé pour être toujours identique et apparemment dans un rapport acceptable par rapport au budget. Mais ceci a un prix : la durée de remboursement s'allonge et les intérêts augmentent faisant que le service de la dette coûte de plus en plus cher.
Le message récurrent sur les taux d'imposition est trompeur, le taux ne fait pas l'impôt. La part municipale de la pression fiscale a subi une augmentation de plus de 32% entre 2000 et 2004 (article du journal « Capital », octobre 2005, chiffres de la DGI). C'est cela la réalité vécue par les Asniérois. La propagande municipale qui s'étale sur les multiples supports de communication oublie de le dire.
La municipalité pousse ses pions dans le tissu associatif local. Discrimination positive et communautarisme s'implantent durablement dans la Ville : les communautés sont-elles bénéficiaires ou manipulées ?
Josiane Fischer : Pour moi, il n'existe pas de discrimination positive. Lorsque, « à compétence égale », une personne est choisie plutôt qu'une autre pour sa couleur de peau ou son appartenance ethnique, l'autre personne est éliminée sur des critères racistes.
Ce n'est pas ainsi que peut se construire une communauté respectueuse des droits de tous. C'est contraire à l'égalité républicaine. Cela ne peut qu'engendrer du ressentiment et nourrir les germes d'une violence à venir.
La « judiciarisation » de la vie locale est-elle inéluctable ?
Josiane Fischer : La justice est instrumentalisée dans une tentative d'étouffement de toute expression libre. Tout simplement en raison des conséquences financières d'une action en justice pour le citoyen qui assure sa défense sur ses propres deniers.
Le respect du droit de chacun à exprimer son opinion est fondamentalement à la base des valeurs démocratiques. Tenter de le limiter, de l'étouffer, tient de la résurgence de la lettre de cachet et du rétablissement du délit de blasphème.
De très nombreux habitants se plaignent de la propagande municipale et de la violence des propos de la majorité. Violence qui crée un sentiment d'insécurité inédit : la peur des édiles.
Josiane Fischer : Certains subissent des poursuites judiciaires, certains sont désignés à la vindicte populaire par le biais de courriers municipaux, d'autres sont poursuivis de manière plus insidieuse : menaces plus ou moins voilées, surveillance de leurs faits et gestes... Ces faits se multiplient et sont maintenant suffisamment nombreux et ont touché suffisamment de personnes pour qu'un malaise soit perçu par de plus en plus d'Asniérois. Beaucoup ont peur, ce qui était sans doute l'effet recherché, mais cette peur même peut se retourner contre ceux qui l'ont générée.
Il y a un « avant Aeschlimann » et un « pendant » : qu'est-ce qui a changé ? Quel doit être « l'après Aeschlimann »
Josiane Fischer : Avant Aeschlimann :
Bokanoswki : Asnières est une petite ville un peu endormie,
Bokanowski ère Cornic : un projet d'urbanisme de densification rejeté par les Asniérois,
Taittinger : il a été élu sur le choix d'un urbanisme à visage humain, il a assumé le choix des Asniérois mais aussi son coût financier, il aura toujours été guidé par un seul objectif constant : l'amélioration de la qualité de la vie des Asniérois,
Aeschlimann : il fait de la ville le laboratoire des idées de Nicolas Sarkozy, revendique le marketing politique (ciblage, tris, mise en listes), le communautarisme, le sécuritarisme. Son objectif affiché, et l'objet de son enseignement : être élu, être élu, être élu.
Après Aeschlimann : si les Asniérois refusent l'avenir aeschlimanno- sarkozien, c'est qu'ils seront mûrs pour un autre projet. Alors tous les espoirs sont permis : ils pourront se choisir un avenir fait du respect des valeurs de la République et non de leur remise en cause, un avenir basé sur leur choix d'un autre visage pour leur ville et d'un autre fonctionnement municipal au service de la population.
Quel est le profil du « bon maire » ?
Josiane Fischer : Celui qui sera élu pour mettre faire passer du papier à la réalité le paragraphe ci-dessus.
Le bon maire, selon moi, consacre son temps et son énergie à la définition et la mise en oeuvre des projets qui anticipent les besoins des Asniérois. Avec toujours prioritairement la volonté d'améliorer les équipements et les services à la population. Il pense aux Asniérois et il oublie de penser à lui-même...
Il traite tous les Asniérois également, black, blanc ou beur. Il protège la ville et ses habitants des appétits des bétonneurs. Il met en oeuvre une politique municipale énergique de prise en compte des besoins des personnes les plus fragiles : les enfants, les personnes âgées, les personnes handicapées, les personnes malades.
Il anime une équipe qui oeuvre dans le même sens, choisie dans cet objectif et non pour complaire à tous les partis dans le but d'aligner le maximum de logos d'investiture au bas des affiches électorales.
Souhaitez-vous commenter quelques uns des points énumérés dans l'article « retour sur l'année 2005 » paru dans Asnières Infos n°266 ?
Josiane Fischer :Les réalisations inaugurées sous le mandat de Manuel Aeschlimann sont toutes des réalisations qui avaient été décidées et étaient en chantier avant qu'il soit élu (à l'exception des deux petites écoles qui ont fait disparaître des espaces verts !). Sous son mandat, les travaux ont plutôt traîné en longueur. Reportés d'année en année, les mêmes investissements réapparaissent ainsi année après année sur la couverture d'Asnières Infos au moment du vote du budget !
En conclusion ?
Josiane Fischer : Le bilan de sept ans de gestion de la ville d'Asnières par Manuel Aeschlimann est lourd : les impôts ont très fortement augmenté, beaucoup plus à Asnières que dans les villes voisines, la dette a explosé obérant l'avenir, la sécurité n'est pas mieux assurée qu'ailleurs malgré la télésurveillance, le déficit en équipements publics s'accroît au rythme de l'augmentation de la population, la qualité de vie des Asniérois se dégrade.
Les Asniérois paient de plus en plus cher le droit d'habiter à Asnières, la question qu'ils doivent se poser est : pour quel bénéfice ?